Exposition

Casablanca Green (détail), 2015

Casablanca Green, 2015

Artistes : Amina Agueznay

Lieu : Mons 2015, Capitale Européenne de la culture-Belgique

Date : 16.04 I 26.04 I 2015

Commissariat : Alya Sebti

Production : Fondation de Mons

Crédit photo : Jean Madeyski

Description

Installation à dimensions variables

5 modules de 2x10 m

Matières : 51200 coquilles de moules et fils de laine

Techniques : perçage et crochetage

16 artisans ont participé à la production de l’œuvre : Benmoumen Malika, Bennmoumen Hakima, Benmoumen Hanane, Benmoumen Leila, Sabir Habiba, Sabir Amina, Sabir Hafida, Charai Charkaouia, Berrahel Fatema, Tabiba Khadija, Anoufer Kawtar, Anoufer Naima, El Alja Khadouj, Hadoubi Naima, Hadoubi Abdelkader et Abdellah Soufiane.

Courtesy de Amina Agueznay et ThinkArt

Visuels

Documentation

L’atelier, la création et la main -non la main-objet mais la main en tant que geste effectué- sont au cœur du travail d’Amina Agueznay. Tout comme la Factory de Warhol, la manufacture d’Amina Agueznay est le lieu créateur. La démarche de l’artiste est quasi immuable (cf.Skin, 2011-Cocon/Alter Cocon, 2010-Diary of a Belly, 2010-Nature Controled, 2009): un engagement vis à vis d’individualités avec un savoir-faire, essentiellement des façonneurs, faisant se rencontrer de multiples compétences et désirs; une prédilection pour les matières naturelles et recyclables ; l’exploration de formes architecturales qui vont de l’infra-mince à l’extralarge ; et une signature collective, caractéristique centrale chez Amina Agueznay qui ne conçoit aucune de ses réalisations sans mettre en avant l’engagement de tous les artisans qui y ont participé. Ce travail-ensemble prévaut sur l’objet définitif. Amina Agueznay fait ainsi sienne cette assertion de Tadashi Kawamata : « La finalité de l’art n’est pas de fabriquer des objets à exposer, mais d’établir une relation entre les hommes et les femmes au cours d’un travail qui se construit en commun, jour après jour. » C’est aussi pour cela que le workshop qui a lieu pendant 4 jours à Mons est, au-delà de l’objectif pédagogique, un projet artistique. En aucun cas, Amina Agueznay ne passe commande d’une œuvre. Elle permet d’accoucher de celle-ci.


A Mons, l’artiste arrive avec unestructure in processà partir de laquelle les intervenants vont faire dialoguer leurs visions pour s’approprierCasablanca Green. La matière ici est la coquille de moule, en hommage à la culture populaire belge, et à celui qui a élevé le crustacé au rang d’œuvre d’art : Marcel Broodthaers. Mais la filiation au maitre s’arrête là. Amina Agueznay n’est pas dans une quête de sens qui sous-tend la production artistique. Sa démarche est fondamentalement empirique et humaniste. Elle s’articule autour des valeurs de partage et de savoir- faire capables d’ouvrir des territoires de possibles dans la création, où l’aléatoire -qu’elle revendique- s’épanouit néanmoins dans une esthétique parfaitement maitrisée. L’artiste s’engage dans une esthétique-éthique formulée par des œuvres à la matérialité brute « haptique » (néologisme d’Alois Riegl pour qualifier le principe d’une image à la fois visuelle et tactile). Dans la productionCasablanca Green, elle est également acoustique. Une installation structurée par 51200 coquilles de moules et des fils de laine verte posée au sol. 8 coquilles assemblées en rosace, répétée 6400 fois, forment un ordonnancement classique qui n’est pas sans rappeler le motif géométrique de l’étoile dans l’architecture islamique. La prédominance de noir formée par l’assemblage de moules est prompte à neutraliser « Casa la blanche » dont l’appellation est devenue une abstraction. Négatif et positif s’annulent permettant au vert d’apparaître. Sur cette installation, viendrait marcher les visiteurs- ou non. L’œuvre gardera-t-elle trace de leur passage? Trois énergies se combinent dans la sonorité du craquement, de l’écrasement et de l’éclatement des moules.

De retour à Casablanca en mai 2015, l’œuvre poursuivra sa mutation.

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